Charly & Martial

Charly Martins vit entre la Chine et les États-Unis. Il côtoie Franck Sinatra, Ricky Nelson et les autres. Ce ne sont pas seulement ses maîtres, ce sont ses pairs. Charly est chanteur crooner. C’est comme ça qu’il signe : Charly chanteur crooner. Débarqué tout droit des sixties américaines, il ne quitte pas son costume rétro, son feutre de gangster et ses chaussures en cuir lustré. « Tu as du style ou tu n’en a pas » disait Franck Sinatra. Ce que Charly n’aime pas ce sont ceux qui portent le costume sans connaître la chanson. Lui connaît tout le répertoire. Donnez un titre, il s’exécute et cela vous emporte, la voix généreuse, le coeur et les yeux brillants qu’il y met. Charly se produit parfois dans un bistrot avec quelques musiciens, cachet négocié, dîner compris. Ça lui fera toujours un vrai repas.

Sur les murs de sa chambre, gérée par le service social de la ville de Paris, dans ses albums photos, ses pochettes plastiques, les portraits de stars crooners composent avec des images pieuses et des photos de famille, de la famille de Martial Sanglard. Sa mère, son fils et sa fille, ses femmes, un voyage marquant en Chine. Ce qui manque c’est une image, une seule, de son père, qui était le seul musicien de la famille.

Ce petit pactole archivistique de star en devenir constitue l’essentiel du patrimoine de Martial Sanglard dit Charly Martins au bout de soixante ans de vie de bohème, « après toutes les difficultés que j’ai traversées » dit-il. C’est un fait, la vie ne l’a pas épargné de coups tordus, dès l’enfance. « J’irai jusqu’au bout. » Charly ne reviendra donc pas. Pas complètement. À partir de quoi, à tout prendre, le rêve ne vaut-il pas mieux que la réalité ?